Nouvelle étude : La moitié des populations mondiales de rapaces sont en déclin

11 septembre 2018 - Un document scientifique à auteurs multiples sur l’état des oiseaux de proie et des hiboux du monde a été publié la semaine dernière dans Biological Conservation et est à présent disponible gratuitement en ligne. Selon cette recherche, 18 % des rapaces sont menacés d’extinction et 52 % des populations mondiales de rapaces sont en déclin.

Malgré la fourniture de services écosystémiques essentiels, il n’existe actuellement aucune synthèse systématique et mondiale de l’état de conservation des rapaces ni des menaces qui pèsent sur eux. Pour combler ce manque d’informations scientifiques, ce document novateur a passé en revue la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) afin d’examiner l’état, la répartition, les menaces et les recommandations en matière de conservation pour l’ensemble des 557 espèces d’oiseaux de proie et de hiboux.

La recherche a adopté une approche mondiale dans son analyse, mais a également examiné de façon spécifique les peuplements de rapaces dans les 131 États de l’aire de répartition en Afrique et en Eurasie couverts par le Mémorandum d’accord sur les rapaces (MdE Rapaces). Les chercheurs ont découvert que les rapaces sont plus menacés que l’ensemble des oiseaux. L’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est possèdent la plus grande richesse et le plus grand nombre d’espèces de rapaces menacées. S’agissant des pays, l’Indonésie a été observée comme ayant la plus grande richesse d’espèces de rapaces (119) et d’espèces en déclin (63). L’agriculture et l’exploitation forestière ont été identifiées comme les menaces les plus fréquemment identifiées, bien que l’empoisonnement soit particulièrement nocif pour les vautours de l’Ancien Monde. En plus d’évaluer les tendances du risque d’extinction et la répartition spatiale des rapaces, le document évalue l’importance des Zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO) pour la conservation des rapaces.

Fig. 1. Pourcentages d’espèces d’oiseaux de proie existantes dans les catégories de la Liste rouge de l’UICN (En danger critique (CR), En danger (EN), Vulnérable (VU), Quasi menacé (NT), Préoccupation mineure (LC), et Données insuffisantes (DD)), et orientation des tendances démographiques pour chaque groupe. (Source : State of the world's raptors: Distributions, threats, and conservation recommendations, Biological Conservation)

 

Nick P. Williams, coauteur et Chef de l’Unité de coordination du MdE Rapaces a déclaré : « Ce document majeur renforce la vision qu’ont démontrée les Parties à la CMS en adoptant la Résolution 8.5, qui comporte un engagement à élaborer le MdE Rapaces, lors de leur 8e Conférence des Parties organisée à Nairobi (Kenya) en 2005.  Ces dernières recherches représentent un appel général à l’action de la part des gouvernements du monde entier pour qu’ils intensifient immédiatement et considérablement les efforts de conservation de ce groupe emblématique et précieux d’oiseaux dans l’intérêt des générations futures ».

Dirigée par des biologistes du Fonds Peregrine, en collaboration avec neuf autres organisations scientifiques de premier plan, cette étude est la première évaluation complète axée spécifiquement sur l’état des rapaces dans le monde.  Les auteurs comprennent deux membres du Groupe consultatif technique du MdE Rapaces : Dr Munir Virani (Vice-président de la Stratégie mondiale de la conservation au Fonds Peregrine) et Dr Vicky Jones (BirdLife International).

Dr Munir Virani, vice-président du Fonds Peregrin, a déclaré : « Cette étude renforce le fait que les oiseaux de proie, en tant que grands prédateurs aériens, sont des baromètres essentiels de la santé de l’écosystème et nécessitent le plus haut niveau d’intervention en matière de conservation. Nous avons déjà été témoins de la montée en flèche de l’incidence de la rage en Asie du Sud à la suite de la perte de vautours dans cette région, ce qui a eu des répercussions sur les économies et les cultures. L’étude souligne également la nécessité d’investir dans des experts en oiseaux de proie en Afrique et en Asie pour recueillir des données vitales sur ces espèces peu connues qui passent peut-être inaperçues. Nous devons établir un partenariat collectif d’organisations de conservation et de gouvernements à un niveau sans précédent pour inverser cette tendance ».

Les auteurs recommandent un certain nombre de mesures de conservation hautement prioritaires pour protéger les rapaces, notamment la prévention de la mortalité et la conservation des sites clés et des habitats essentiels. Le manque d’informations de base sur la répartition et les exigences écologiques entrave les mesures de conservation pour de nombreuses espèces. Le document préconise une surveillance accrue des populations de rapaces qui puisse permettre de bien cibler la conservation et d’évaluer l’efficacité des interventions.

Les 59 signataires du MdE Rapaces travaillent en collaboration pour améliorer et maintenir l’état de conservation favorable pour tous les oiseaux de proie migrateurs en Afrique et en Eurasie. Pour plus d’informations, veuillez contacter l’Unité de coordination.

Last updated on 17 December 2018